Début du contenu principal.
La venue de Denis Coderre vient de donner un véritable électrochoc au provincial. Je ne sais pas si c’était planifié de profiter de la discrétion de François Legault en début d’année pour voler la vedette médiatique, mais cela a fonctionné.
Imaginons que Denis Coderre tire son propre bilan. Celui de son plan de communication et de son sprint médiatique des dernières semaines, comme candidat possible à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ). Il le fait, en se parlant à voix haute.
Ça pourrait ressembler à cela:
«Je, me, moi, Denis Coderre, (la Trinité) a été de tous les plateaux de télévision, radios et manchettes des journaux depuis mon annonce. On parle plus de moi, le p’tit gars de Joliette, que les deux premiers ministres Justin Trudeau et François Legault combinés. Oui monsieur!»
«J’ai été l’évènement médiatique politique de ce début d’année. On s’attroupe, juste pour me voir acheter une carte de membre à la permanence du PLQ. Je ne changerai pas. Au mieux, j’ai évolué.»
«Le pape est catholique, Denis Coderre est libéral.»
La venue de Denis Coderre vient de donner un véritable électrochoc au provincial. Je ne sais pas si c’était planifié de profiter de la discrétion de François Legault en début d’année pour voler la vedette médiatique, mais cela a fonctionné.
Bien. Très bien même.
C’était aussi trop. À la limite d’une oie qu’on gave. Et l’oie, c’est nous.
La communication politique est autant une science qu’un art. Oui, il y a différents styles et plusieurs écoles de pensées, mais il y a surtout des étapes. Un plan de déploiement.
Comme pour une maison, on commence par les fondations avant de penser à la lucarne sur le toit. Il y a surtout une question de dosage et de cohérence.
L’objectif est de faire parler de soi et de susciter l’intérêt pour sa candidature. Mais, un message à la fois, avec un flux régulier et espacé dans le temps. Comme des briques que l’on aligne: on alterne, avec un mélange de push et de pull, soit d’offensive médiatique, mais aussi avec des intervenants et des personnalités, qui disent du bien de ce qu’on propose. Qui approuvent et relaient notre message de cette possible candidature. Le mortier d’une certaine façon.
Le but est d’avoir un crescendo, comme dans un concert de musique classique. Il faut un chef d’orchestre, mais des musiciens aussi. Sans musicien, on ne voit que le chef d’orchestre qui bouge, sans mélodie. Un peu comme Denis Coderre et son one man show.
Y a-t-il eu des sorties publiques pour supporter Denis Coderre, une fois qu’il a manifesté ses intentions? D’anciens collègues qui ont dit: «si Denis Coderre se lance, il peut compter sur mon soutien»? A-t-il une équipe? Un comité de jeunes «pour Denis Coderre». En passant, l’aile jeunesse du PLQ, c’est un tiers du vote.
Si on devait qualifier la stratégie de communication de Denis Coderre, il faudrait utiliser des termes militaires. Un bombardement intensif, tous azimuts dans la sphère médiatique. Une sorte de Blitzkrieg médiatique, pendant lequel on tire dans tous les sens avec des messages confus, des déclarations et des phrases sans lien les unes avec les autres. Comme une mitraillette verbale. On envoie tout ce qu’on a et on voit ce qui colle.
Denis Coderre dit qu’il faut être percutant et pertinent. Il a été percutant, sans l’ombre d’un doute. Pertinent, sur l’enchainement et le contenu? Poser la question, c’est y répondre.
Des extraits (je paraphrase) :
Le comité de relance et de réflexion du PLQ a proposé, entre autres choses, une réforme du Sénat et une Constitution du Québec. C’était surtout un travail intellectuel de très haute voltige, loin des préoccupations de gens. Un petit exercice pour garder les membres engagés et tenir séance. Ce rapport que Denis Coderre, de son propre aveu dans une entrevue à Radio-Canada, n’avait pas lu, mardi dernier.
Lire le rapport de 80 pages, avant d’aller faire une tournée médiatique pour devenir chef du parti, n’est que la base!
Mais Denis Coderre est allé à l’autre extrême, en termes de proposition. Extrait de son compte Facebook: «Un ministère autonome et sénior des sports amateurs incluant une stratégie d’infrastructure, d’un pacte avec les régions et les municipalités pour l’accès aux installations et une politique respectant l’éthique dans le sport (notamment en ce qui a trait à l’antidopage et respect de la diversité et de l’équité)».
Que Denis Coderre considère briguer la direction du PLQ est une bonne nouvelle, sans aucun doute. Le PLQ a besoin d’une course à la chefferie et non d’un couronnement, pour définir son identité, sa vision et son offre politique aux Québécois. Une vraie course à la chefferie permet une reconstruction pour un parti politique, qui est en traversée du désert. Et pour avoir une course, il faut des candidats.
En rentrant de Compostelle, Denis Coderre devait arrêter d’utiliser un teaser dans sa stratégie de communication médiatique. Un peu moins percutant, et un peu plus pertinent, Monsieur Coderre? On lui souhaite que sa marche lui permette de mieux structurer ses idées et sa stratégie.