Début du contenu principal.
Ce soir, nous avons appris la démission d’une des personnalités les plus importantes de cette crise pandémique, Dr Horacio Arruda, directeur national de Santé publique.
Pour tous ceux qui suivent l’actualité avec assiduité, cette annonce est tout sauf une surprise. L’adhésion du public aux mesures gouvernementales et la crédibilité du discours de la santé publique sont en chute libre. Un changement de ton était nécessaire et Dr Arruda l’a bien compris. Disons seulement qu’avant de subir le même sort que Marc Bergevin il y a quelques mois, il a préféré mettre son poste à disposition de son « boss » qui n’a pas hésité à l’accepter.
À lire également:
Mais avant de jeter le blâme sur celui que l’on a appelé « le bon docteur Arruda », rappelons-nous que nous avons tous, au début de cette pandémie, souligné les qualités de cet homme qui nous a donné les deux dernières années de sa vie. Son humanisme et son côté moins « technique » ont fait de lui un vulgarisateur important dans une période durant laquelle on ne connaissait rien du virus et pendant laquelle l’anxiété collective était à son comble. Il était sympathique, théâtral et accessible et cela nous a plu. Cependant, son rôle est d’être le médecin traitant de la société québécoise et aussi sympathique soit-il, on a besoin que notre médecin soit l’expert rigoureux et clair sur le traitement qu’il propose. C’est cette clarté qui s’est usée avec le temps et sans clarté, la confiance disparaît.
Je l’ai souvent répété durant la pandémie. Jamais nous n’avions vécu une crise aussi longue. Il est donc normal qu’il soit difficile, voire impossible, de garder le même niveau de crédibilité à long terme, car la nature même de la pandémie oblige un scientifique à revoir ses propres lectures. Dans le cas de Dr Arruda, ses déclarations sur les tests rapides, une certaine lenteur sur la troisième dose et récemment ses déclarations sur les N95 sont venues cristalliser l’opinion négative des gens. Aussi, il ne faut pas oublier que tous les hommes et les femmes impliqués dans la cellule de crise sont humains. La fatigue, la surcharge de travail et la surexposition de l’homme ont des effets inévitables sur la performance du porte-parole.
Quand vous êtes malade, que le traitement de votre médecin ne fonctionne pas ou semble ne plus fonctionner et que vous avez moins confiance, il est naturel de vouloir avoir un deuxième avis. Les Québécois ont besoin de ce deuxième avis en ce moment et le changement de ton aidera certainement le gouvernement dans sa gestion des prochaines semaines. D’ailleurs, est-ce que ce ne serait pas un bon moment pour réunir dans la cellule de crise plusieurs experts que l’on a appris à connaître durant cette période ? Le public a certainement besoin de savoir qu’il y a un consensus plus large derrière les décisions gouvernementales.
Dr Arruda l’écrit lui-même dans sa lettre de démission. Il donne « l’opportunité » au PM « de réévaluer la situation après plusieurs vagues et dans un contexte en constante évolution ». La personne qui lui succède devra prendre note des apprentissages des deux dernières années. Je pense qu’une certaine distance entre le politique et le scientifique est nécessaire et qu’il faudrait probablement même séparer les interventions publiques. L’unité des deux nous a bien servi sur plusieurs aspects, mais semble avoir atteint sa limite.
Souhaitons bon repos à Dr Arruda et surtout merci ! Malgré les interrogations, nous ne pouvons remettre en question les compétences ni la bonne foi de l’homme. Le médecin a beau changer, la maladie reste là et le traitement a besoin de la collaboration de tous pour être efficace.