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C'est à croire que Bloc québécois est déterminé à maintenir les libéraux au gouvernement.
Le Canada sera-t-il plongé en élection cet automne? Maintenant que l’entente entre le Nouveau Parti démocratique et les libéraux est déchirée, il est probable que ce soit le Bloc québécois qui décidera du sort du gouvernement. Dans ce contexte, plusieurs se demandent comment les libéraux peuvent satisfaire le Bloc québécois pour obtenir son appui. Or, si on se fie au bilan du Bloc, les libéraux n’ont même pas besoin de satisfaire le parti d’Yves-François Blanchet pour avoir son appui.
Ce n’est pas la première fois que le Bloc québécois est appelé à trancher sur le sort du gouvernement libéral de Justin Trudeau. En 2021, avant que la défunte entente libéral-néo-démocrate soit signée, le Bloc québécois avait choisi de maintenir le gouvernement Trudeau. Le chef bloquiste Yves-François Blanchet avait pourtant qualifié le discours du trône (qui est un vote de confiance) de «travail de cégep». Pourquoi alors maintenir les auteurs de ce travail bâclé et décevant au pouvoir? Bien qu’insatisfait, le Bloc avait le sentiment de pouvoir faire des gains législatifs éventuels, en forçant la main au gouvernement sur quelques mesures.
Plus récemment, le Bloc québécois a aussi voté avec les libéraux sur un vote de confiance en mars 2024, alors que cet appui n’était même pas nécessaire à la survie du gouvernement, puisque le NPD appuyait les libéraux.
Il y a pourtant un gouffre idéologique entre le Bloc québécois et le Parti libéral du Canada, dont le cœur du bilan et du travail législatif à venir se concentre sur des enjeux qui sont, sans équivoque, provinciaux. Pensons au système pancanadien de garderies, le programme d’alimentation scolaire pancanadien, le régime canadien des soins dentaires, etc.
Le Bloc québécois a été clair lors de l’élection de 2021: il est indépendantiste. C’est son principe fondamental. En ce sens, s’opposer à l’empiètement du fédéral dans les compétences provinciales m’apparaît à la base de l’engagement politique des élus bloquistes. Et surtout irréconciliable avec le bilan et le plan de match libéral de Justin Trudeau.
Pourquoi le Bloc québécois appuie-t-il systématiquement le gouvernement Trudeau lors des votes importants ?
D’un point de vue stratégique, cet appui me paraît également injustifiable pour au moins trois raisons.
Premièrement, la division du vote jouera très probablement en faveur du Bloc québécois. Sans même améliorer sa performance en termes de pourcentage du vote reçu par rapport à 2021, la nouvelle division du vote (où les libéraux sont moins populaire et les conservateurs plus populaires) fait en sorte que le Bloc québécois pourrait arriver en tête dans plusieurs circonscriptions sans même récolter plus de 35% des votes. C’est un avantage majeur. L’élection partielle dans LaSalle—Émard—Verdun, lundi, pourrait d’ailleurs donner lieu à ce genre de résultat.
Deuxièmement, les thèmes à l’ordre du jour devraient avantager le Bloc québécois. Pensons, entre autres choses, à l’enjeu de l’immigration qui est de plus en plus important, notamment parce qu’il est lié à la crise du logement et à l’inflation. C’est un sujet sur lequel les libéraux et les conservateurs sont en très net décalage avec l’opinion publique québécoise, qui souhaiterait davantage de restrictions que ce que proposent les deux partis. La même chose s’applique à la défense du français, où les libéraux et les conservateurs ne semblent pas satisfaire les exigences des Québécois.
Troisièmement, le Bloc ne porterait pas nécessairement l’odieux d’avoir forcé la tenue d’élections. Ce serait très facile de cadrer le NPD comme étant le principal coupable. Et ce serait plutôt juste, puisque ce n’est pas le Bloc, mais bien le NPD, qui s’est engagé en signant une entente garantissant essentiellement la survie du gouvernement jusqu’en 2025.
Pourquoi, donc, le Bloc québécois s’acharne-t-il à maintenir les libéraux au gouvernement?