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Les prochaines semaines seront certainement déterminantes pour QS.
Après une semaine de crise durant laquelle Gabriel Nadeau-Dubois a très habilement repris le flambeau dans une stratégie dont ma collègue Antonine Yaccarini a fait une brillante analyse dans son plus récent billet, Québec solidaire nous offre la deuxième acte de cette crise identitaire qui a débuté avec la démission d’Émilise Lessard-Therrien.
En effet, ce matin, un collectif de quarante militants, anciens candidats, dont Catherine Dorion, et anciens employés a signé une lettre ouverte qui présente la vision des solidaires plus «idéalistes» et qui dénonce plusieurs des constats effectués publiquement par des élus du parti.
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Le premier objectif de cette lettre est clair : remettre en question les constats de Gabriel Nadeau-Dubois sur le parti dont il est le porte-parole masculin. En effet, les solidaires signataires accusent GND de « diversion », à la suite de la démission d’Émilise Lessard-Therrien alors qu’ils considèrent qu’il aurait plutôt dû répondre « à la pluie de dénonciations sur les réseaux sociaux qui a suivi quant à la concentration du pouvoir entre les mains de ses proches et l’exode des femmes lié à un climat malsain ».
Il est vrai que la stratégie de GND lui a permis d’éviter de nombreuses questions sur les allégations de son ancienne co-porte-parole. Dans plusieurs milieux et partis politiques, réussir à transformer ce début de crise en opportunité serait vu comme une énorme réussite.
Ici, les mots proposés par ce collectif de membres de QS sont très durs. Ils poursuivent le travail de «démonisation» du porte-parole masculin de QS qui a débuté avec Catherine Dorion dans son livre et poursuivi par Émilise Lessard-Therrien dans son message de démission. Il n’y a plus grand pas à franchir pour ce groupe avant de demander la démission de GND de son titre sans pouvoir.
Non seulement le collectif dénonce la «diversion» de GND, mais il se positionne en porte-à-faux de sa vision d’une gauche «pragmatique» pour le Québec. Un des éléments frappants de la lettre ouverte, c’est qu’elle dénonce le pragmatisme et le présente comme le sacrifice de ses valeurs et de ses convictions pour la gauche.
Les signataires solidaires de cette lettre sont plutôt partisans d’une vision plus radicale des transformations nécessaires. Ils voient le pragmatisme comme de l’opportunisme et désirent plutôt «réinventer du tout au tout notre démocratie en faillite».
Ce que l’on voit depuis plusieurs années et qui s’amplifie depuis le départ d’Émilise Lessard-Therrien, c’est une fracture majeure entre plusieurs élus solidaires, ces militants et d’autres factions de la gauche québécoise. La force de QS a toujours résidé dans sa capacité à se positionner comme la conscience sociale de la population sans la démoniser de faire des choix plus «capitalistes».
Des femmes de grand talent et de conviction comme Françoise David et Manon Massé ont fait leur marque en traitant avec autant de respect, de gentillesse et de considération leurs partisans, mais aussi leurs opposants. Sous leur leadership, le pragmatisme n’était pas un défaut, mais plutôt un outil puissant de communication. Ce n’est plus le cas pour tous les solidaires.
Les prochaines semaines seront certainement déterminantes pour QS. Lors de son conseil général des 24, 25 et 26 mai prochain, les solidaires seront invités à adopter la «déclaration de Saguenay» qui pourrait changer leur programme et leur positionnement.
Leur choix est simple: sortir unis derrière un discours rassembleur et conciliant ou sortir divisés entre les pragmatiques, partisans du compromis, et les dogmatiques, fidèles à l’idéologie. Ce sera le troisième et dernier acte de la crise d’identité de Québec solidaire et celui qui déterminera de leur existence à long terme.