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Attaquer les droits des communautés LGBTQ+, en particulier ceux des communautés trans, équivaut à déverser son fiel sur la mauvaise cible.
Les droits des communautés LGBTQ+ sont en péril en Amérique du Nord.
L’Union américaine pour les libertés civiles (American Civil Liberties Union) a répertorié 426 projets de loi attaquant directement ces communautés, et ce, depuis le début de cette (jeune) année. On peut penser que comme nous sommes qu’en mars, que d’autres projets de loi du même genre vont continuer à teinter le paysage politique des États-Unis avec des impacts réels sur le terrain. Par ailleurs, le Québec n’est pas à l’abri de tels reculs. Des voix s’élèvent maintenant à l’Assemblée nationale pour dénoncer les prises de position transphobes de l’organisme Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec), organisme ayant par ailleurs reçu du financement de Québec.
Sur son site web, PDF Québec se décrit comme étant «féministe, citoyen, mixte, non partisan, universaliste et pour la laïcité». L’organisme a émergé dans le contexte du virage intersectionnel qu’a pris la Fédération des femmes du Québec (FFQ) depuis quelques années, et ce, pour s’en dissocier. Un récent reportage de la CBC a fait état des attaques transphobes qu’ont subies plusieurs activistes trans sur les réseaux sociaux de la part de PDF Québec. À l’Assemblée nationale, la députée libérale Jennifer Maccarone a dénoncé le tout en affirmant que les prises de position tenues par cette organisation vont à l’encontre du plan gouvernemental de lutte contre l’homophobie et la transphobie.
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C’est au début des années 70 que le sociologue Stanley Cohen popularise le concept de «panique morale» qui illustre la charge négative étant dirigée à tort contre une ou des communautés minorisées, perçues injustement comme représentant une menace pour les valeurs collectives et les intérêts de la société. Les médias jouent un très grand rôle dans la construction et le maintien des paniques morales, et ce, par l’attention médiatique disproportionnée pouvant être portée à des situations qui sont exceptionnellement rares. La controverse ayant secoué l’Université d’Ottawa en 2020 autour du mot en haine, controverse qui est pratiquement devenue une « crise nationale » en est un éloquent exemple. Ces paniques morales ont des conséquences réelles et matérielles sur les lois, les politiques publiques et la vie d’êtres humains, ne serait-ce qu’en matière de crimes haineux et d’impacts nocifs sur la santé mentale.
Pendant que ces communautés sont utilisées par certains politiciens et commentateurs, comme des épouvantails représentant une menace à la nation, on ne parle pas d’enjeux de fond : l’effondrement climatique, la crise du logement, le sous-financement des groupes communautaires (dont ceux qui interviennent auprès des communautés LGBTQ+), les inégalités sociales et économiques, les violences sexuelles et conjugales, et j’en passe.
Certes, il existe différents courants et perspectives qui traversent les mouvements féministes ; c’est ce qui fait la richesse de ce mouvement social. Or, attaquer les droits des communautés LGBTQ+, en particulier ceux des communautés trans, équivaut à déverser son fiel sur la mauvaise cible. Nous devrions tous être plus futés et nous indigner face à cette arme de distraction massive qui nous empêche de nous concentrer sur les véritables menaces à la cohésion sociale.