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C’est le moins qu’on puisse dire, la 42e législature a été bousculée par la pandémie. Mais même si la CAQ demeure très populaire, les attentes seront élevées pour des résultats qui « paraissent».
Après les caucus, c’est maintenant l’heure de la rentrée parlementaire à Québec. Réforme de la santé, débat sur l’énergie, planification pluriannuelle de l’immigration: les sujets chauds ne manqueront pas. Avec la pénurie de main-d’œuvre qui fait sentir jusque dans les services publics les plus essentiels, les négociations du secteur public qui débutent seront cruciales et auront un impact pour des années à venir.
Il n’existe pas de mandat normal en politique. Or, le gouvernement Legault souhaiterait qu’on aborde son deuxième mandat comme s’il s’agissait de son premier. C’est le moins qu’on puisse dire, la 42e législature a été bousculée par la pandémie. Mais même si la CAQ demeure très populaire, les attentes seront élevées pour des résultats qui « paraissent».
Voyez le retour d'Antonine Yaccarini sur la rentrée parlementaire au bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Marie-Christine Bergeron.
Conjuguée à l’inflation, la pénurie de main-d’œuvre nous donne parfois l’impression de payer plus cher pour moins. Heures d’ouverture réduites, baisse de la qualité du service à la clientèle, longs délais : je pourrais continuer comme ça sur des pages et des pages.
Quand il s’agit d’un rendez-vous esthétique, ça peut toujours aller, mais quand ces effets se font sentir sur des services publics que l’on considère pratiquement comme un droit, c’est une autre paire de manches. Et il s’agit d’une situation extrêmement dangereuse pour le gouvernement.
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Alors, revenons à ce deuxième mandat de la CAQ. Le gouvernement souhaiterait que l’on traite son second mandat comme son «premier mandat normal». La pandémie aura effectivement réservé des surprises à la CAQ, la plus costaude étant probablement la nécessité de réformer le système de santé. Il n’y avait aucun appétit en 2018, zéro puis une barre ! Mais, la « mise sur pause » du Québec a été plus longue et plus intense que ce que François Legault aurait souhaité.
Mis devant une situation exceptionnelle, le réseau a montré ses limites et, après l’avoir tenu à bout de bras, un nombre record de travailleurs et de travailleuses l’ont finalement quitté, épuisés.
C’est dans ce cadre tendu que s’ouvrent les négociations des nouvelles conventions collectives des travailleurs du secteur public. D’un côté, les syndicats devront faire preuve de flexibilité et devront démontrer aux citoyens qu’ils travaillent véritablement pour eux, et pas seulement pour leurs intérêts internes.
Non, il ne sera pas possible d’augmenter tout le monde cette année. Oui, il existe certains travailleurs pour lesquels la pénurie frappe plus durement et qui auront besoin d’un coup de barre.
Du côté du gouvernement, on ne peut pas aborder cette négociation avec le seul objectif que ça nous coûte le moins cher possible. Il lui faudra aussi démontrer qu’il combat véritablement la pénurie de main-d’œuvre par l’amélioration des conditions de travail et qu’il est sincère dans son objectif de sauver nos services publics. Sinon, tous ses autres objectifs politiques vont en souffrir.
Le plan de Bernard Drainville en éducation ne sera pas possible sans amélioration des conditions de travail des enseignants et enseignantes.
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La réforme de la santé ne sera pas possible sans amélioration des conditions de travail des travailleurs et travailleuses de la santé.
Compléter le réseau des services de garde, tel qu’on nous le promet, ne sera pas possible sans une amélioration des conditions de travail des éducateurs et des éducatrices.
Le gouvernement indique vouloir agir de façon plus ciblée, et je pense qu’il s’agit de la bonne approche. Mais l’offre de départ, qui se trouvait sous l’inflation et qui constitue ainsi une perte de pouvoir d’achat, est difficile à avaler pour les syndicats et les personnes qu’ils représentent.
Mais bon, il s’agissait d’une position de départ et nous sommes habitués à la chorégraphie offre/rejet/contre-offre/grève/entente. C’est une négociation, et les deux parties partent chacun de leur bord de la piste de danse.
Le gouvernement Legault ne peut être tenu responsable du manque d’enseignants et d’infirmières, il devra néanmoins démontrer qu’il a tout fait pour sauver les meubles. Le défi est de taille et les risques sont nombreux.
Non, il n’existe pas de mandat « normal », et les quatre prochaines années devraient, une fois de plus, nous le prouver.