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Le père de la fillette martyre de Granby s'est vu accorder une libération d'office par la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) le 29 avril, quelques mois après avoir obtenu sa semi-liberté. Il
Dans sa décision, dont Noovo Info a obtenu copie, la CLCC indique que l'ex-détenu a «un risque de récidive générale faible» et on estime que sa «dangerosité sociale» est «faible.»
Il devra toutefois respecter de nombreuses conditions. Celles-ci demeureront en vigueur jusqu'à la fin de sa peine, fixée au 6 juillet 2025. L'homme devra notamment éviter de se retrouver dans certaines régions et il ne pourra en aucun cas entrer en contact avec des membres de sa famille.
Il lui est également interdit d'être seul en présence d'un enfant de moins de 16 ans. De plus, il devra signaler à un surveillant(e) de libération conditionnelle toutes les relations (sexuelles et non sexuelles) et les amitiés avec des femmes.
«La loi exige que les délinquants sous responsabilité fédérale condamnés à une peine d'emprisonnement d'une durée déterminée soient mis en liberté, sous surveillance, quand ils ont purgé les deux tiers de leur peine. C'est ce qu'on appelle la "libération d'office"», précise la CLCC sur son site internet. «La libération d'office a pour but de donner aux délinquants un encadrement et un soutien avant l'expiration de leur peine afin d'augmenter leurs chances de réinsertion sociale», ajoute-t-on.
L'homme, qui ne peut être identifié en raison d'une ordonnance de non-publication, purgeait une peine de trois ans et six mois depuis janvier 2022 en raison de son implication dans les évènements sordides ayant mené au décès de la fillette.
Rappelons que la CLCC avait autorisé en décembre dernier une semi-liberté au père de la petite fille.
Ce décès avait fortement ébranlé le Québec et mis en lumière les graves problèmes au sein de la Direction de la protection de la Jeunesse (DPJ).
Que s’est-il passé lors de ces cinq années? Noovo Info a dressé le calendrier des dates marquantes de l’un des pires drames familiaux de l’histoire de notre province.
La fillette de 7 ans est retrouvée dans un état critique dans une résidence de Granby. L’enfant, qui avait subi plusieurs sévices, succombe à ses blessures le lendemain matin.
Le père et la belle-mère de la fillette martyre sont arrêtés par les autorités pour faire face à plusieurs chefs d’accusation.
Le gouvernement confirme que la fillette était connue de la DPJ, alors que son dossier était évalué. Le ministre Lionel Carmant annonce trois enquêtes en lien avec ce drame.
Les funérailles de la fillette de Granby prennent place. La tristesse, la colère et la consternation sont au rendez-vous.
Le gouvernement confie à Régine Laurent le mandat de mener une commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse.
En plus de l'enquête policière, une enquête interne est déclenchée au CIUSSS de l’Estrie et une autre par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.
La Commission Laurent dépose ses premières recommandations:
Un nouveau cas de maltraitance d'enfants à Granby est médiatisé au Québec. Quatre enfants ont vécu dans des conditions insalubres pendant des mois, alors que la DPJ Estrie évaluait le dossier.
Le même jour, la DPJ de l’Estrie est mise sous-tutelle par le gouvernement du Québec.
Un an après la mort, la moitié des intervenants de la DPJ de l’Estrie estime que leurs conditions de travail se sont détériorées dans la dernière année, selon un sondage mené par leur syndicat.
Près de deux ans après le décès de la fillette de Granby, la Commission Laurent dépose son rapport au gouvernement. Adopter une charte des droits de l'enfant et créer une fonction de commissaire au bien-être et aux droits des enfants sont parmi les points clés.
Parallèlement aux travaux de la commission, les démarches judiciaires poursuivent leur cours.
La belle-mère de la fillette est reconnue coupable de séquestration et de meurtre non prémédité de la fillette. Elle écope d’une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 13 ans.
Le mois suivant, le père de la fillette écope de trois ans et demi de prison pour avoir séquestré sa fille.
Le père de la fillette demande une libération conditionnelle. Le tout lui est refusé.
Le père va en appel de cette décision. Son appel est rejeté. La cour considère qu'il est un danger pour la société en semi-liberté.
Le ministre Lionel Carmant présente le projet de loi 37 visant la création d'un poste de commissaire au bien-être et aux droits des enfants qui va se consacrer aux jeunes de 0 à 25 ans qui ont été pris en charge par la DPJ, une recommandation phare du rapport Laurent.
Le père obtient finalement une libération conditionnelle.
Des consultations et des auditions publiques ont lieu sur le projet de loi 37. Plusieurs institutions et organismes ont présenté des mémoires. À ce jour, le poste n'a toujours pas été pourvu.
L’histoire de la fillette devait faire changer les choses à la DPJ, soit diminuer les listes d’attente afin qu’aucun enfant ne passe entre les mailles du filet.
Mais en avril 2024, 650 dossiers étaient en attente d’évaluation à la DPJ de l’Estrie. Des chiffres comparables à 2019, où on en recensait 785.
Avec les informations de Fanny Lachance Paquette et Dominique Côté, Noovo Info